Les Plaines de Pandore. Terre Sainte parmi les saintes. Mère de toute vie. Une idylle dans un gouffre de chaos. Elles abritaient nombreuses créatures qui cohabitaient alors en harmonie, dans les près, dans les bois et les rivières, de petits rongeurs et les petits prédateurs comme des renards qui s’en nourrissaient allègrement. Tout n’était qu’équilibre, un rouage parfaitement huilé, rôdé. Sur laquelle était un jour apparue une créature différente. Unique. Plus grande et plus rapide que ses cousins qui ne surent comment la qualifier tant sa forme était particulière.

L’allure générale se rapprochait de celle d’une biche. Ou d’un cerf. Mais elle serait indéniablement plus grande et plus élancée. Probablement plus puissante aussi. Elle ne possédait ni bois, ni crocs. Ses sabots n’étaient pas ceux des bouquetins mais elle avait hérité de leur barbiche. Leurs longues cornes courbées non plus, n’étaient pas de la partie. A la place ; une excroissance, droite et torsadée poussait en travers de son front. Elle avait un museau. Et pas de bec. Mais pourtant, attachées bien haut sur ses omoplates, se dressaient de grandes ailes. Blanches. Pures. Les légendes parlaient de licornes qui auraient foulées autrefois l’herbe de Pandore. Ou des Pégases qui en auraient fendus les cieux. Mais jamais d’une telle créature. Hybride. Elle pouvait les comprendre tous autant qu’ils étaient et ils la comprenaient.

Elle grandit. S’étoffa jusqu’à sa taille adulte, évolua tantôt dans les cieux auprès de grands oiseaux de proie. Tantôt sur terre, avec des mammifères. Puis son cycle vint à son terme et elle s’éteignit. Sans laisser l’ombre d’une trace si ce n’est sa corne et ses plumes. Elles s’envolèrent. Se dispersèrent.

C’est ainsi que naquirent les chevaux de Galaad, Galaad fut le nom de ce premier poulain dont on nomma la race : Syth. Il apparu en premier un couple. Puis un second et ainsi de suite. Ils se regroupaient toujours et formèrent une harde immense, diversifiée ou chacun pouvait grandir en paix, peu importait leur taille ou leur robe, la couleur de leurs ailes ou encore s’ils possédaient une ou deux cornes. Depuis les cieux, Galaad veillait sur ses enfants, jour et nuit pour s’assurer de leur bien-être.

Mais le Chaos, vomissant son dégoût sur Pandore, glissa parmi les poulains, un nouveau né. Manaël, soit disant enfant de ces terres. Qui en grandissant distilla le doute et la discorde au sein de son clan. L’abcès grossit durant des années entières dans leurs cœurs autrefois purs. Puis un jour. Éclata. Manaël était alors mort depuis longtemps et se délectait de sa victoire, tourmentant aux cieux son jumeau qui dépérissait lentement.


Les Syths et leur clan sont une époque révolue que l’on évoque…pour ainsi dire plus. Seuls parfois les anciens se permettent une petite réflexion à ce sujet mais rares sont les chevaux encore vivants à avoir vécu cet âge d’or. Ceux encore dans ce cas ont perdu leurs ailes. Ou leurs cornes dans les litiges. Ils sont soit Pégases, soit licornes. D’autres encore en ont gardé les traces, comme une cicatrice sur le front. Mais les individus sont maintenant séparés par une barrière physique. Ils ne sont plus égaux…

Parmi eux certaines créatures s’accommodent fort bien de cette indépendance, d’autres la regrettent. Mais les groupes qui se sont formés lors de l’éclatement de la harde se battent pour les territoires, désolant Galaad qui tentent par tous les moyens de les réunir tandis que Manaël fait tout son possible pour faire échouer ses plans. Entre autres, ils ont perdu leur capacité à communiquer avec les autres créatures. Mais pire encore de nombreux poulains naissent dépourvus de cornes et d’ailes.

De nombreux affrontements ont lieu entre les différentes hardes. Et même en leur propre sein. Mais la vie reste encore calme. Paisible. Fidèle à ce que Pandore a toujours été. Aucune créature maléfique, aucun grand félin, ni grand carnivore n'y sévit. Seuls les descendants des Syths sont un danger pour eux-même, rien d'autre ne les menace. Pour le moment...